Entre université, laboratoire et incubateur, The Camp est un OVNI posé au milieu de la garrigue, à moins de 15 minutes de la Gare Aix-TGV et de l'aéroport international de Marseille. Il est le fruit d'une vision radicale inspirée par son père fondateur Frédéric Chevalier, disparu tragiquement deux mois avant l'inauguration du site en septembre 2017. Une vision qui se matérialise tout particulièrement sur le plan architectural. Rencontre avec Corinne Vezzoni, l'architecte de ce projet sans équivalent.
The Camp est installé sur le plateau de l'Arbois, offrant une vue exceptionnelle sur la Montagne Sainte Victoire ; est-ce le site qui a dicté la conception architecturale ?
Oui très largement, notre parti-pris a été de respecter intégralement le site originel, sans toucher à la végétation, en nous adaptant à la topographie du site et ses dénivelés. La contrainte est devenue une opportunité pour inventer des choses : les gradins de l'amphithéâtre extérieur s'adossent ainsi parfaitement à une butée naturelle. Il n'y a pas de figures rectilignes dans The Camp, parce que la nature ne connaît pas les angles droits.
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The Camp est un village de 11 hectares composé d'une douzaine de cylindres entourés d'amphithéâtres et de patios, qui semblent se mêler d'une façon particulièrement fluide…
Tout à fait. Ces cylindres évoquent une multiplication cellulaire, et le site est un peu conçu comme un organisme vivant, qui réagit à son environnement immédiat.
La canopée (grande toile recouvrant le village de 12 cylindres, ndlr) est souple et bouge quand le mistral se lève. Sa forme incurvée et ses cavités lui permettent de recueillir et réutiliser les eaux de pluies. En été la canopée permet d'ombrager le site et en hiver, quand le soleil est bas, elle laisse filtrer ses rayons sous sa toile pour offrir de la chaleur et de luminosité.
On a essayé de faire ce que nos ancêtres ont très bien fait avant nous : des solutions ingénieuses mais simples pour répondre aux contraintes naturelles. Les chambres des pensionnaires sont par exemple accessibles uniquement par des coursives extérieures : ce sont autant de couloirs en moins à chauffer ou éclairer, et autant d'économies d'énergie.
La conception a dû être complexe, pourtant le lieu parait très brut…
Oui, il y'a une forme de dépouillement et de sobriété. Des choses chères à Frédéric Chevalier et que j'ai partagé à 100%. Nous avons privilégié les matériaux simples comme le béton brut. Pas de choses spectaculaires ni superflues. En revanche nous avons été intransigeants sur ce qui constituait l'essence du projet, comme les vitres du sol au plafond pour garantir la transparence et la luminosité.
Comment vit-on à The Camp ?
On vit un peu séparé du monde extérieur, le but est de s'extraire pour mieux se concentrer sur les échanges à l'intérieur du camp.
Tout est pensé pour favoriser les échanges, le partage, la fluidité des mouvements : on bouge facilement entre les espaces de travail ouverts, les cellules séparées plus intimistes, les espaces extérieurs, sur les marches ou dans le jardin… on peut se poser partout pour travailler ou échanger.
Les lieux de vie collective –la place du village, le restaurant – sont centraux, à proximité immédiate des espaces de création et de travail. Depuis le bar on voit ce qui est projeté sur l'écran de l'auditorium central. C'est le contraire de ce qui passe dans les business centers « bunkers » des grandes entreprises.
Un camp de base pour explorer le futur… mais encore ?
« The Camp est un outil transdisciplinaire, transculturel et transgénérationnel conçu pour explorer et prototyper un futur plus enthousiasmant, un futur qu'on choisit », explique Antoine Meunier, directeur de la communication du projet.
Un lieu d'exploration… et de création : « The Camp n'est pas un Think-tank, encore moins un lieu de séminaire… c'est un lieu pour faire et pour inventer » selon Antoine Meunier. The Camp aide par exemple les entreprises à prototyper des solutions ou des produits, dans des sessions de 2-3 jours de « futuring design » ; avec des espaces conçus pour cela (fab Lab, creative rooms), des experts en innovation pour piloter, et les jeunes créatifs de la « Hive » (voir plus bas) pour stimuler et formaliser les idées. The Camp propose aussi un hébergement pour que des équipes puissent se concentrer sur leurs projets en mode sprint.
Une pépinière de talents : The Camp héberge la « Hive », une « ruche » de 20 jeunes talents créatifs issus de 12 pays à demeure sur le site pendant 6 mois. Ces talents éclectiques - designers, développeurs, réalisateurs, etc. - mettent leurs compétences au service des projets apportés par des entreprises, et développent aussi un projet commun pour répondre à des grands défis contemporains (écologie, mobilité…). The Camp accueille aussi un incubateur et un accélérateur de projet : une vingtaine de start-ups rejoindront ainsi dès janvier 2018 l'incubateur Le Village By CA. Les entrepreneurs sont non seulement accueillis dans les bureaux1 mais aussi hébergés gratuitement sur le site.
Un bouillon de savoirs : « Nous sommes en train de concevoir un système d'échange de savoirs non-monétaire : celui qui met sa compétence à disposition d'un projet se trouve « créditer », et peut avoir accès à son tour à une compétence présente sur The Camp » explique Antoine Meunier. The Camp propose d'ores et déjà 28 ateliers de formation, allant des Biotech à l'astrophysique, en passant par l'innovation frugale ou l'Intelligence artificielle… les entreprises achètent un pass pour accéder à des sessions à la demande2.
The Camp en quelques chiffres
- 80 millions d'euros investis
- 18 partenaires privés, dont Accenture, AccorHotels et VINCI
- 11 000 mètres carré de surface, dont 7 500 mètres carrés de canopée de toile blanche
- 2 500 professionnels formés la première année
- 21 salles de travail modulables
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