En février dernier, Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la cohésion des territoires, confiait à Patrick Levy-Waitz (Président de la fondation Travailler autrement) la Mission Coworking : Territoires, Travail, Numérique dans le but d'établir un diagnostic sur les lieux de coworking et leur déploiement. Au terme de six mois de rencontres et d'échanges avec les élus locaux, les partenaires sociaux, les entrepreneurs, les makers, les fabmanagers ou encore les télétravailleurs, Patrick Levy-Waitz a remis son rapport le 19 septembre dernier. Le point sur les enseignements majeurs de cette étude et sur les engagements de l'état
Les tiers-lieux : une opportunité pour lutter contre les fractures territoriales
A l'issu d'un tour de France des tiers-lieux, la mission a dénombré pas moins de 1 800 espaces de travail collectifs. Ce premier constat démontre clairement l'ampleur du mouvement, bien loin du simple phénomène de mode.
Deuxième constat : ces lieux d'échanges qui favorisent la créativité, les rencontres et l'activité économique ne sont pas uniquement des espaces de bureaux1 où les travailleurs indépendants louent un poste pour une courte durée. Les tiers-lieux en France présentent en effet une grande diversité, tant par leur taille ou leur fonctionnement que par les utilisateurs qui les fréquentent :
- Coworking : espaces de travail partagés qui encouragent les échanges et la collaboration entre les différents utilisateurs
- FabLab : laboratoire de fabrication qui propose le partage d'espaces, de machines-outils, de compétences et de savoirs
- Hakerspace : atelier qui regroupe experts et passionnés autour d'un intérêt ou d'un sujet de recherche commun
- Makerspace : espaces créatifs et pluridisciplinaires destinés aux artisans, designers, artistes...
- LivingLab : espace dédié à la conception de produits et de services innovants qui place l'utilisateur au cœur même du processus d'innovation
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Les utilisateurs ont des profils très divers, depuis les travailleurs indépendants jusqu'aux TPE ou aux grands groupes, en passant par les makers ou même les visiteurs qui profitent de certains espaces ouverts au public, notamment à l'occasion d'évènements culturels. De par leur implantation partout en France, leur nombre et leur diversité, les tiers-lieux s'imposent donc comme un facteur déterminant de cohésion des territoires et de croissance pour les entreprises.
Autre constat, les tiers-lieux favorisent l'émergence de nouveaux modes de travail : s'ils sont souvent fréquentés par des indépendants, ces espaces collectifs permettent l'hybridation des activités et des publics.
Enfin, en encourageant les échanges, le partage, la mutualisation des ressources, le recyclage, la mixité sociale ou encore la co-construction, il apparaît très clairement que les tiers-lieux portent des valeurs fortes. Un constat que l'on retrouve dans le titre même du rapport de mission : faire ensemble pour mieux vivre ensemble.
Demain : 300 Fabriques des territoires
Parmi les recommandations de Patrick Levy-Waitz pour consolider cette dynamique et accompagner ces nouvelles façons de travailler, le gouvernement s'est engagé à participer à la création de 300 espaces collectifs à travers toute la France d'ici 2022. Pour accentuer le maillage territorial, ils seront implantés à la fois dans les quartiers populaires et sur les bassins d'emplois, notamment sur des zones où se concentrent les flux de mobilité domicile-travail.
Baptisés Fabrique des Territoires, ces 300 nouveaux lieux structurants, vecteurs de l'inclusion numérique, offriront de multiples services complémentaires aux tiers-lieux déjà existants : formations, ateliers, évènements, accompagnement, incubation...
A ce titre, l'un des enjeux du projet est également la professionnalisation du secteur par la reconnaissance de nouveaux métiers : l'animation des tiers-lieux, la capacité à créer des liens entre les utilisateurs et à faire émerger de nouveaux écosystèmes assurent le succès et la pérennité des espaces collectifs.
Ce programme national de développement des tiers-lieux représente un budget de 110 millions d'euros sur 3 ans. Il prendra la forme d'un fonds d'amorçage de 20 millions d'euros par an, pour permettre aux porteurs de projets de trouver le bon modèle économique. S'y ajouteront un fonds de dotation et un fonds d'investissement2 dans les sociétés qui portent les tiers-lieux à hauteur de 50 millions d'euros.
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